Tous des oiseaux
de Wajdi Mouawad
L’oiseau Wajdi Mouawad et sa troupe sont de passage à Nantes pour nous élever pendant quatre heures haletantes.
L’histoire d’amour commence à New York, entre Eitan, jeune homme juif allemand d’origine israélienne, et Wahida, Américaine d’origine arabe. Lors d’un voyage qu’ils font au Moyen-Orient, Eitan est victime d’un accident sur le pont Allenby, qui relie la Jordanie à Israël. L’histoire intime rencontre ainsi l’histoire contemporaine du conflit israélo-palestinien, pour finalement embrasser des problématiques beaucoup plus vastes et anciennes lorsque les parents et grands-parents d’Eitan se retrouvent au chevet du jeune homme plongé dans le coma, et démêlent des secrets saisissants enfouis depuis des décennies au cœur de cette famille. Du côté de Wahida, l’onde de choc provoquée par l’attentat dont est victime celui qu’elle aime et la rencontre avec le Moyen Orient où elle retrouvera le lien avec ses racines arabes, amènera la jeune femme à une révélation identitaire de la puissance d’un cyclone.
Petit à petit, on assiste à un florilège de personnages qui cheminent lentement mais sûrement vers leur identité, la source de leur être, dans un texte, dans une langue si profonde et essentielle qu’elle devient un chant qui nous emporte à travers les terres et les temps. Une véritable polyphonie, même, puisque les mots sont prononcés dans les quatre langues différentes des personnages, anglais, allemand, hébreu et arabe. Quatre langues portées avec force par des comédiens étonnants, choisis avec une grande intelligence pour leur capacité à incarner le rapport aux cultures, aux terres, aux douleurs qui s’enchevêtrent à perdre haleine dans cette tragédie contemporaine.
Alors cessez tout ce que vous êtes en train de faire, déposez votre crayon, laissez tomber votre sac, arrêtez-vous et appelez le grand T pour savoir si par bonheur il reste une place pour que vous puissiez assister à ce chef-d’œuvre.
- Ivan
- Parce qu’il s’agit de la première pièce de Wajdi Mouawad qu’il a créée en tant que directeur du théâtre national de la Colline en novembre dernier, et qu’après la première semaine de représentation, toutes les dates suivantes étaient quasiment complètes.
- Pour voir et applaudir un travail d’équipe formidable, depuis l’écriture, nourrie par l’historienne juive Natalie Zemon Davis, en passant par une troupe de comédiens enthousiasmante, jusqu’à la scénographie, d’une grande élégance et sobriété.
- Pour voir quatre langues s’entremêler et résonner avec force, grâce à un travail colossal de traduction et d’incarnation.
De 10 à 26€
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